Retour à l’argentique

On est en droit de se poser la question, « pourquoi faire de la photographie argentique alors que le monde est dominé par une déferlante d’appareil photo numérique ? »

Ce n’est plus une question c’est maintenant une évidence le numérique a supplanté nos bon vieux films. Mais reste il encore quelques irréductibles ? Et bien non.
On peux constater deçà delà, que pour certains d’entre nous si le passage au numérique a été effrayant et redoutable, nous y sommes tous passé. Cependant, après quelques années, les premiers retours en arrières s’opéraient, et certain revenait à l’argentique, tandis que d’autre voulait tout simplement faire les deux.

Pourquoi ?

Je ne ferais pas une généralité, mais je parlerais seulement de ceux que j’ai pu rencontrer et qui y sont revenu.
Tout d’abord et cela semble être flagrant, le passage au numérique nous à permis d’explorer de nombreux domaines qui jusqu’alors nous échappaient. Mais en contre parti , il faut aussi reconnaître que de mauvaises habitudes venaient à nous.
On clic, on shoot, on recommence, certes c’est génial, mais au bout de quelques années on ne prend plus la peine de réfléchir à ce que l’on photographie. Ça nous échappe, on sort pour la journée avec notre apn en bandoulière, et on revient avec 360 photos, soit prés de l’équivalent de 10 films.
Nous manquons d’humilité, j’en reviens aussi, après on commence à se donner des challenges, on sort pour la journée et on se fixe 36 poses maximum, la ça devient plus dur, on hésite, on avance , on recule, on teste, et finalement on ne déclenche pas, c’est aussi cela qui devient intéressant, quand faut il appuyer sur le déclencheur ?
Il faut éviter de devenir des « serials shooter », pire des « serials déverseurs » sur les foras par la suite.
C’est ainsi que je me suis senti revenir progressivement à l’argentique, mais ce n’était pas la raison principale.
Le plus dur je dois l’admettre lors de mon passage au numérique ce fut le développement des photos en N&B, la surprise fut de taille, et l’apprentissage difficile.

Jusqu’alors je faisais confiance au film dans mon boitier, mais le numérique dans ce domaine à tout bouleversé, que faire, du n&b des la prise de vue ? non ce n’était plus possible.

C’est à ce moment que j’ai compris qu’il y avait un passage obligé l’apprentissage du format RAW, et puis on met le doigt dans l’engrenage, il faut passer au post traitement, puis choisir le bon logiciel, dans mon cas DxO ?, Dpp ? Lightroom ?, Photoshop ? et l’ultime étape les plugs ins.

Bref c’est une véritable quête du graal, un chemin de croix, un passage étroit qui chemine entre l’ombre et la lumière.

Du coup on comprend mieux, la notion de dynamique, de manque de matière dans un ciel, on s’obstine a utiliser les fonctions de récupérations de hautes lumières sur nos boîtiers mais rien n’y fait.
Un capteur numérique n’a pas la même dynamique qu’un film. Alors progressivement et après plusieurs années de numérique, je me suis dis et pourquoi pas ne plus se poser de question et tirer avantage des deux mondes.

Si il est si difficile d’approcher une bonne image post traitée numériquement en N&B, pourquoi ne pas la faire des le départ avec un film N&B ?

Fort de cette réflexion je suis reparti vers l’argentique il y à trois ans maintenant et je ne suis pas déçu de ce choix, je fais les deux, mais si je ne veux pas me « prendre la tête » pour le N&B, je fait de l’argentique, j’ai également accompagné cet article de plusieurs exemples de rendus de films que vous trouverez sur ce blog, de rendus de grains, en diverse période de l’année et à diverse sensibilité de 100 asa à 3200asa voire pour certaines poussées un peu plus loin. Je me suis vite rendu compte que je n’étais pas le seul.

Ce retour vers le N&B sur films fut pour moi une délivrance, je ne cherchais plus la petite bête, l’hyper contraste, je faisais confiance aux films présent dans mon boitier. Je ne me posais même plus la question couleur ou N&B.

C’était N&B, et si ensuite on me demande la couleur, tant pis je ne l’ai pas c’est un choix des le départ et ça solutionne de nombreuses questions que le numériques a induite.

On entend et on lit souvent de part et d’autre, « J’aurais bien voulu voir la version couleur ? », la c’est une volonté de l’auteur de partir le matin pour une journée en N&B et rien d’autre.
Le meilleur des deux mondes c’est aussi cela que je voulais garder à l’esprit, donc pour le tirage, je voulais aussi les voir ces images argentique, sur un ordinateur, donc forcement contrairement à il y a 10 ou 15 ans, je demande maintenant systématique au laboratoire de me faire un CD ou DVD accompagné d’un scan des photos et ce avec une résolution raisonnable et pas en format timbre poste.

Ce fut certes une évidence pour moi, mais pour les labos ce n’était pas forcement le cas, j’en ai cependant trouvé un qui me correspondait et ou pour un film 135, mes photos me revenait scannées dans un équivalent 8Mpixels. Pour les films 120 j’ai même le droit à un équivalent 16Mpixels.
Bref c’est un régal de voir le résultat du film.

Autre avantage aujourd’hui vers l’argentique, c’est la possibilité de passer sur du moyen format qui autrefois n’était réservé qu’a une élite à cause de son prix. Maintenant on peut trouver d’anciens Moyen Format à partir de 200 Euros, c’est encore une somme mais c’est envisageable.

La démonstration n’est plus à faire le numérique a supplanté l’argentique, plus aucune agence de presse n’utilise ce format, la productivité a été révolutionnée, la mise à disposition d’une image d’actualité est quasi instantané dans le domaine du sport ou de l’événementiel, et elle n’est plus que de quelques heures pour le photo de guerre ou de conflit.

Je pense néanmoins que les deux peuvent encore cohabiter, difficilement, mais je l’espère, tout comme l’ordinateur n’a pas supplanté le livre papier, j’espère que le numérique ne va pas tuer définitivement l’argentique.

21 thoughts on “Retour à l’argentique”

  1. Super article. Je partage tout à fait votre vision de cohabitation entre numérique!
    Ayant commencé à vraiment faire de la photo avec un apn il y a quelques années maintenant j’ai effectivement remarqué que je faisais beaucoup de prises “inutiles”. Maintenant ça fait 1 an que j’ai un argentique moyen format, j’ai changé mon approche de la photo et je ressent une plus grande fierté pour chaque cliché.
    Depuis, quand je pars en voyage je ne prends plus mon matos argentique (boitier + objectifs + trépied). Bien que mon Hasselblad 500cm n’est pas un appareil hyper facile à porter je le prends partout. Et pour les photos numériques, et bien le téléphone portable passe très bien.

  2. Très intéressant comme article. Je n’ai pas réellement connu l’argentique, j’étais trop jeune et pas forcement attiré par la photo. Mais comme vous, a force de shooter a tout vas et a passer des heures et des heures a chercher le noir et blanc parfait, qui se rapproche d’un film, (dxO 😉 ) et bien a un moment on passe finalement de l’autre coté. J’ai appris la patience grace a l’argentique, a shooter peu mais bien, a développer moi même… bref, le pied. Le rendu que j’obtiens me va parfaitement. Ce grain tant recherché je le trouve enfin.

    Depuis quelques années l’argentique est de retour. Je vois beaucoup de gens, de jeunes, de moins jeunes s’y mettre ou y retourner. Kodak va ressortir des pellicules. Je pense que l’avenir est radieux pour cette pratique qui est une tout autre façon de travailler que le numérique. L’un ne remplace pas l’autre, c’est juste deux façon de bosser différentes. Comme l’analogique et le digital en musique.
    Et je pense que nous, photographes a argentique pouvons apporter un nouveau regard dans le domaine de la photo. Atténuer peut être cette consommation de l’image, qui, dans le photo-reportage ne touche plus par exemple. Il n’y a plus d’image réellement marquante. Peut être que l’argentique peut ramener ça.

    Enfin bref.

    très bon blog et bonne continuation a vous

  3. Bonjour,
    Je découvre votre article sur FB et je partage entièrement votre analyse, je rajouterai que lorsque nous avons la chance de pouvoir continuer le travail de la photographie argentique noir et blanc jusqu’au bout c’est à dire découvrir la chambre noire cela nous garde le côté émotionnel en plus .
    Sur votre souhait que la photo numérique n’entérine la photo Argentique j’ai bien peur qu’elle ne tue la photographie dans son ensemble au profit de la photo virtuelle. Aussi gardons l’espoir…

  4. Bonjour, je viens de perdre plus de 10ans de souvenirs stocké sur 2disques dur et je voudrais revenir à l’argentique, je savais devellopper en noir et blanc et par curiosité ,je voudrais savoir combien te coute disons 100photos en pellicule ,papiers et produits…
    J’aime beaucoup cet article ,si vous voulez de belles photos qui dure revenez à l’argentique et pour mitraillé ,le iphone suffit….

  5. Bonjour,

    Pour tous ceux qui aiment l’argentique, et qui ont des questions techniques sur les films et les tirages traditionnels sur papier barytés.

    Vous pouvez me contacter via mon site, et j’essaierai de répondre à vos attentes.

    Bonnes photos,

    dominic.

  6. J’aime ce que tu dis je suis pour l’argentique j’ai un 8001s un 90x j’ai le 80 d, la je voudrais un moyen format mais voilà Fuji est encore très chère pour de l’argentique il me manque toujours le contraste. C’est mon problème trop gris mais je m’en sors au tirage. Merci pour la lecture.

  7. C’est comme l’orgue à tuyaux et le synthétiseur, le bateau à voile ou moteur, la basse électrique et la contrebasse… Pas le même usage, pas le même rendu, pas le même plaisir. Et celui, non négligeable, de passer pour un dinosaure.

  8. Pour du vite fait vive le numérique. Pour du peaufiné vive l’argentique.
    Adepte du révélateur . mon chouchou Rb 6/7
    Cordialement

  9. Bonjour,
    Je pense que les deux pratiquent peuvent cohabiter :
    – le numérique pour les travaux de commande (principalement en couleur)
    – pour le plaisir de réaliser des photos personnelles en N&B : l’argentique éventuellement en développant ses films et (pour ceux qui ne souhaitent investir dans un labo) en scannant ses films ce qui suppose un très bon scanner à film en 35 mm et/ou un bon scanner à plat pour les moyens ou grands formats.

    Cordialement.

  10. Je suis de ceux également qui reviennent au plaisir argentique…Non pas que tout le monde fasse comme moi mais j’ai négligé la lumiére avec mon numérique…d’une certaine maniére, je redécouvre la photographie avec mes petits boitiers télémétriques…
    Contente d’être tombé sur ton article…:)

  11. Bonjour Laurent,

    J’aime beaucoup ton article. Bien écrit et la réflexion est judicieuse.
    Pour ma part, je prends énormement de plaisir à sortir mon Eos 3. Le seul ennui, trouver un labo correcte pour le développement N&B.

    Le moyen format m’interessse, mais je n’y connais pas grand chose, tu nous préparaes bientôt un article? 🙂

    Thomas

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